As-tu déjà contemplé un tableau en te demandant si c’était une photo ? C’est tout le talent des maîtres de l’hyperréalisme en peinture, qui cherchent à troubler nos sens. Cette tendance artistique, influencée par le pop art, apparaît dans les années 60 aux États-Unis. Les hyperréalistes ne se contentent pas toujours de reproduire fidèlement ce qu’ils voient. Ils veulent aussi dénoncer la surconsommation et mettre en avant l’absurdité de notre société. Certains capturent l’instant dans un but historique ou documentaire tandis que d’autres déforment la réalité à travers des superpositions d’images, des perspectives inversées, des jeux de reflets ou des changements d’échelle.
Alors que l’abstraction est en plein boom, cette nouvelle vision vient bouleverser les codes et créer la polémique. Et pour cause, beaucoup se demandent si la reproduction du réel peut être considérée comme de l’art.
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L’hyperréalisme en peinture : une nouvelle vision venue d’Amérique
L’autoportrait ultra réaliste de Chuck Close

Artiste incontournable de l’hyperréalisme en peinture, Chuck Close est connu pour ses portraits aux formats gigantesques. De la taille de panneaux d’affichage, le niveau de détails de ses œuvres est impressionnant, laissant apparaître la moindre imperfection. Ces visages, en prise de vue très rapprochée et de face, sont sans concession. Ils provoquent une certaine agressivité qui interpelle le spectateur.
« Je pense que le visage est une sorte de carte routière de la vie d’une personne. »
Chuck Close
Chuck Close ne produit pas de portraits anonymes. Il préfère s’inspirer de gens qui l’entourent (sa famille, ses amis ou les artistes qu’il connaît), et aussi de lui-même !
À ses débuts dans les années 60, sa méthode consiste à prendre son sujet en photo, à la quadriller puis à reproduire chaque carré le plus fidèlement possible par petites touches successives. Ce procédé lui permet d’agrandir son tirage à la taille voulue tout en gardant les bonnes proportions. Alors, pourquoi se base-t-il sur des clichés au lieu de peindre son modèle sur le vif ? La réponse est simple : Chuck Close peut mettre plus d’un an pour finaliser ses créations. Une image ne change pas alors qu’une personne, oui !
À partir des années 70, il se diversifie en utilisant différentes formes abstraites et colorées pour concevoir des portraits pixelisés ou floutés. Plus le spectateur s’éloigne de la toile, plus les traits deviennent reconnaissables et réalistes.
Touché par plusieurs problèmes de santé qui le handicapent physiquement, il adapte sa technique. Il teste également le collage, la mosaïque, la gravure et les œuvres textiles comme pour l’autoportrait ci-dessus, produit sur une tapisserie tissée Jacquard.
Le sais-tu ? Chuck Close était atteint de prosopagnosie. Il éprouvait des difficultés à identifier les visages. Cette maladie serait-elle à l’origine de son art ? C’est fort probable.
Richard Estès : New York en reflets et perspectives

Le terrain de jeu favori de Richard Estès : New York ! Ce passionné de paysages urbains prend plusieurs clichés d’un même endroit qu’il combine pour produire des tableaux complexes. Entre réalité et illusion, ses toiles nous font découvrir la ville autrement. En éliminant les facteurs secondaires tels que les personnes, les objets, les éléments météorologiques ou les déchets, les rues deviennent désertes et immaculées. Une astuce qui a pour effet d’attirer l’œil sur l’architecture.
Mais Richard Estès aime surtout reproduire les surfaces brillantes ou réfléchissantes telles que l’acier inoxydable des cabines téléphoniques ou les vitrines des magasins. Son coup de pinceau est si précis qu’on ne peut quasiment pas le deviner, ce qui accentue davantage le réalisme de ses œuvres.
« La qualité abstraite de la réalité est bien plus excitante pour moi que la plupart des peintures abstraites que je vois. »
Richard Estès
Dans cette œuvre, Richard Estès nous montre toute l’étendue de son talent en représentant une vue de la 34e rue à New York au travers d’une vitre. La patte de Richard Estès est bien présente :
- la vitrine d’un restaurant vide ;
- les images et les reflets qui se confondent et se contredisent ;
- la superposition de couleurs, de lumières et de perspectives ;
- les inscriptions à l’envers qui donnent un effet miroir (dont l’enseigne de la Central Savings au milieu du tableau) ;
- les ombres floues des passants qui semblent en mouvement.
Cet artiste très créatif est considéré comme le roi de l’hyperréalisme en peinture. On comprend pourquoi !
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Ralph Goings : le souci du détail

Avec 375 tableaux à son actif, Ralph Goings est un artiste très prolifique et un acteur majeur du photoréalisme américain. Néanmoins, il ne trouve pas immédiatement sa voie. À l’ère de l’expressionnisme abstrait, il reçoit un enseignement conventionnel qui fait obstacle à sa pensée artistique. Lors de sa maîtrise en beaux-arts à Sacramento, il s’intéresse aux magazines et aux photos publicitaires qu’il recopie à l’identique.
Puis, il développe une vision plus personnelle et intime en prenant ses propres clichés. Se servant essentiellement de diapositives couleur 35 mm qu’il projette sur sa toile, il trace au crayon les différents éléments de son image. Il utilise ensuite de la peinture à l’huile ou de l’aquarelle.
Certaines œuvres de Ralph Goings décrivent simplement un lieu à une période donnée. C’est le cas de « Sacramento Airport » qui représente une vue documentée de l’aéroport de Sacramento dans les années 60. L’artiste choisit ici de mettre en avant son travail sur les surfaces et les détails.
Ralph Goings s’inspire également de faits historiques marquants, tels que la grande dépression, pour incarner la classe ouvrière américaine de manière objective. Ses sujets de prédilection sont les stands de hamburgers, les camionnettes ou les banques.
Surtout connu auprès du public pour ses natures mortes et ses intérieurs de restaurants, il peint avec précision les bouteilles de condiments présents sur les tables des Diners américains. Il capte des éléments impossibles à voir à l’œil nu grâce à son travail photographique et à son souci du détail. Le résultat est extrêmement réaliste. Un véritable exploit !
John Baeder : l’obsession des diners américains

La passion de John Baeder : les bâtiments de la culture de consommation américaine en voie de disparition. Pas banal, n’est-ce pas ? Pourtant, ce n’est pas un hasard si John Baeder s’oriente vers cette thématique.
Très jeune, il fréquente les restaurants dont l’effervescence le fascine. Adepte des voyages en train, il y prend ses repas tout en admirant la campagne qui défile derrière les fenêtres, imaginant que ce sont des cadres qui entourent ces paysages. Plus tard, ses souvenirs d’enfance réconfortants détermineront ses choix créatifs.
Adolescent, il commence des cours de dessin puis il intègre le département d’art de l’Université d’Auburn, reconnu pour son approche progressiste. En parallèle, il collectionne les cartes postales photographiques de stations-service, motels et restaurants. Il décide d’arpenter les chemins entre Auburn et Atlanta à la recherche des lieux présents sur ces cartes.
Les diners de bords de routes l’interpellent tout particulièrement. Il en peindra une multitude.
Tout en pratiquant son art, John Baeder devient directeur artistique dans une grosse société et acquiert une grande notoriété. Il travaille le jour et peint la nuit. Le rythme effréné de son emploi ne lui convient plus, il le quitte pour se consacrer entièrement à sa passion.
« Les gens naïfs pensent que je prends une photo et que je la peins. »
John Baeder
Il se souvient avoir vu George Beattie, artiste peintre connu, retirer des toiles de sa voiture pour une exposition et s’être promis qu’un jour, ce serait son tour.
Ce fut le cas en 1972 à New York où il sortit ses tableaux de son break afin de les présenter pour la toute première fois au public. Ce fameux break qui l’a transporté dans ses nombreux voyages et dont John Baeder rend hommage dans « John’s Diner with John’s Chevelle ».
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L’art américain est en pleine mutation ! Les critères traditionnels sont bouleversés, laissant place au débat. En montrant la réalité telle qu’elle est, l’hyperréalisme en peinture délaisse les représentations idéalisées et affiche une vision impartiale des faits.
Les puristes, qui voient par cette approche un manque d’originalité et de créativité, crient au scandale.
Toutefois, ces artistes rebelles ne se contentent pas de briller par leurs prouesses techniques. Ils cherchent avant tout à exprimer leur point de vue sur la société et ses dérives. Frappantes de vérité, leurs œuvres confrontent le spectateur à sa propre existence, provoquant la fascination et parfois la gêne.
Mais l’émotion, qu’elle soit positive ou négative, n’est-elle pas l’essence même de l’art ? Et toi, que ressens-tu ? Les flemmArts attendent tes commentaires !
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Sources :
https://www.spellmangallery.com/artists/ralph-goings https://www.meiselgallery.com/artist/ralph-goings https://www.josephbellows.com/artists/john-baeder2/biography https://web.archive.org/web/20101031071030/http://observatory.designobserver.com/entry.html?entry=11647 https://www.mbabram.com/john-baeder-overview https://www.beauxarts.com/grand-format/lhyperrealisme-en-2-minutes https://www.grandpalais.fr/fr/article/chuck-close-et-lart-du-portrait-figuratif https://www.beauxarts.com/videos/chuck-close-geant-de-lhyperrealisme-en-1981 https://www.composition.gallery/FR/artiste/richard-estes https://art.nelson-atkins.org/objects/27547/central-savings